[Selegorn] Le sourire de l'elfe

Village des Brumes
Ca y est, nous y voilà. Je repose le pied sur l'île depuis bien des siècles.
Je reste longuement sur le ponton de bois du quai de port des Brumes. Je ne connais pas ce petit village de pêcheurs, mais il fera un excellent point de départ.
Je prend quartier dans l'auberge miteuse. En écoutant les conversations locales, j'apprends un peu les ragots du moment. Les contrées se remettent doucement d'une épidémie de peste semble t-il. Une époque de chaos.
L'odeur de la mort et de la peur règne partour. Je me sens chez moi.

Je m'installe confortablement près de la cheminée, tirant de longues bouffées de ma pipe d'ivoire, petit cadeau d'Astarion, mon vieil ami l'archimage. Diables, il n'a jamais voulu m'apprendre à créer des figures de fumées, je suis sûr que c'est encore là un de ses tours de sorcier. Vraiment, pour un elfe, je suis allergique à la magie, quand bien même elle s'avère utile parfois.
La serveuse me lance un regard enjôleur, mais je n'ai pas le coeur aux frivolités. Si, si, c'est toujours moi, c'est juste que pour une fois, les charmes qu'on m'offre n'eveillent pas autant d'interet qu'auparavant.
Je suis là comme porteur de mort, pas en vacances.
Enfin... je lui adresse un sourire qui la fait rougir, lui promettant d'un regard un certain interet... on ne sait jamais si je change d'avis plus tard. Les humaines ont toujours été folles des elfes mystérieux.

Il est temps de découvrir un peu cette région.
Ca commence bien, des loups, des spectres et des gobelins!
Au moins, ca me fait un peu d'entraînement.

Je crois avoir croisé mon vieil "ami" Elric, la "lame noire", ancien compagnon d'armes. Sa présence ici n'augure rien de bon. Il faudra que je l'aborde plus tard et que je sache pourquoi il est ici. L'adamante est peut être encore dans son ombre, et il pourrait me mener à Kelenroth.


Vers Astria
J'ai croisé un bien curieux personnage ce matin. Un homme à cheval, galopant à vive allure. Passant près de moi, il a tranché en deux la petite créature qui voletait, prête à me pomper 3 litres de sang de son dard effilé.
Un centurion, voilà comment il s'est présenté. Un militaire quoi, une sorte de capitaine, enfin je pense.
Il avait l'air affable, et m'a donné le nom de la capitale : Astria.
C'est toujours bon de connaitre des gens importants. Je prends note, il me sera aisé de l'approcher plus tard.
En attendant, j'ai envie de visiter cette ville d'humains. Comme d'habitude, ca sera de la pierre, de gros bâtiments bien lourds, sans aucune grâce architecturale, du bruit, de mauvaises odeurs, et des soldats à chaque coin de rue. Quelle lassitude, rien ne change de ce coté là, à part peut être les prix des auberges.
Bon, en route, allons voir si les gueuzes d'Astria ont le même déhanché qu'ailleurs.
Ma cape sur les épaules, mes sabres à la ceinture, je prends la route.

L'auberge du Loup et une charmante rencontre
Il faut croire que les dieux m'aiment bien... non, je plaisante. Ceci dit, j'ai croisé la route d'une bien étrange jeune semi-elfe. Au début, je n'y prêtai guère attention, ses traits exotiques me laissaient croire à une simple humaine, charmante certes, mais humaine. Je m'attardais à peine le temps de demander mon chemin.
Mais dans son aura, je detectai quelquechose de special.
Elle me fit un salut que je n'avais pas vu depuis longtemps. Une coutume des royaumes de l'extreme orient, que j'avais visité il y a plusieurs decennies pour traquer un chef de guilde corrompu membre de l'adamante.
La conversation s'engage un peu, il me reste quelques bribes de leur langue.
Sun Ye se nomme t-elle. Une semi elfe argentée, initiée à la paume ouverte des moines kaolin. Interessant. Et jolie, ce qui ne gâche rien. Bon, je ne suis pas à une heure pres.
Pour une heure, c'est toute une soirée que nous avons passé ensemble, à l'auberge, à discuter de coutumes et de philosophie. Ca détend. Nous avons même dansé. Voilà une soirée de serenité qui me fait le plus grand bien avant d'aller semer la mort.
Elle m'a parlé d'Alatariel. La cité serait fermée, et les elfes condamneraient à l'oubli ceux qui en découvriraient le chemin. Ils ont trop fréquenté les nains ou quoi? Seraient ils devenus fous? Ils ont toujours été paranoiaques, mais de là à entrer en totale autarcie, il ne faut pas s'étonner de tomber en décadence.
Bon, la petite Sun me rassure, tous les argentés ne sont pas devenus totalement sots ou inintéressants. Et j'avoue bien humblement qu'elle me fait plus d'effet que la serveuse de l'auberge des Brumes. Bon, d'accord, ce n'est pas dur.
En tout cas, je l'aime bien. Elle me voit certainement mieux que je ne suis vraiment, enfin elle ignore ma nature, même si elle sait pourquoi je suis ici. Pas dans les détails, mais pour quelle raison. Le vent de la mort.
Dommage que la grosse naine pataude, engoncée dans son armure et sentant le faisandé à 20 pieds, soit venu la chercher. J'aurai bien partagé mon bain avec elle...

Bref, si ces excités du défilé de mode qui a lieu juste sous la fenetre de la chambre que j'ai prise ici pouvaient faire moins de bruit, je pourrai méditer quelques heures avant de repartir.
Au moins, ça me laisse le temps de t'écrire.

Soit gentil avec ta soeur, et répète les mouvements que je t'ai enseigné.
Un jour, tu suivra mes traces. Mais ce sera un âge nouveau, ou le sang des elfes ne coulera plus.

*Pli écrit en vieux langage elfique, cacheté d'un sceau oublié, et envoyé vers une déstination inconnu par delà la mer*